Hamelin. Un bar. Un Estanco comme on dit. Tenu par NIKO, serveur misanthrope, effrayé par ce qui vient de l’extérieur tout en rêvant de partir de ce bar qui est son royaume autant que sa prison. Arrive de nulle part DAN, Homme-orchestre étrange, fatigué d’une longue errance à travers le monde. Déçu par les hommes qui n’ont de cesse de profiter de ses services sans le rétribuer et encore moins le remercier. Il veut se reposer du monde et de ses péchés.
Dans cette arène populaire qu’est le bistrot, DAN va se révéler être le Mister Tambourine Man, le joueur de flute de Hamelin qui a charrié derrière lui les rats et les enfants, dans une marche funeste. NIKO oscille entre son envie de jeter cet « étranger » et celle de le suivre et quitter sa misérable vie.
Un homme-orchestre qui raconte des histoires et pousse la chansonnette en s’accompagnant d’un tas d’instruments bizarres et un garçon de café qui se contorsionne et jongle avec tout ce qu’il trouve… voici un duo aussi improbable qu’explosif. L’un récite des poèmes, entonne des chansons de quat’ sous, susurre ou scande contes et litanies, tire des mélodies inouïes de coquillages siffleurs, d’orgues à épingle à linge ou d’harmonicas en rade. C’est Denis Lavant. L’autre détourne tous les objets qui l’entourent de leur fonction première, fait virevolter son plateau, ses verres et ses bouteilles, virevolte lui-même, se fracasse par terre et se relève pour mieux retomber. C’est Nikolaus Holz.
Dans ce troquet vont se confronter les deux hommes aux rêves qui semblent à première vue diamétralement opposés et qui pourtant se ressemblent dans le fond. Ils cherchent l’humanité. L’amour et l’autre. De loin en loin, on devine la présence des rats qui observent cette comédie humaine.